« L’Amour sous algorithme » : De quelle fai§on Tinder manipule des rencontres

February 14, 2022

Analyse du QI, notation et suggestion des profils.

Dans une enquete edifiante, Judith Duportail devoile les travers de l’algorithme de Tinder.

Elle ne croit jamais a la coincidence. Quelques jours avant la sortie de le enquete concernant Tinder, Judith Duportail a appris que l’application de rencontres a toutes les 800 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel mettait fin a l’utilisation de l’Elo Score, la mysterieuse note de desirabilite a laquelle des utilisateurs etaient soumis et que la societe a i  chaque fois gardee secrete. « Elo n’est plus d’actualite chez Tinder », a explique la firme americaine dans un communique publie via www.besthookupwebsites.org/fr/fuckswipe-review son site le 15 mars. « le souci avec votre post de blog, c’est qu’on est oblige de des croire sur parole », note Judith Duportail. Comment fonctionnait une telle note ? « Q uand votre profil est montre a quelqu’un, vous etes matche contre un quidam d’autre. Si l’individu contre vous a une cote haute et vous like, vous gagnez des points. Si elle a une cote basse et vous ignore. vous en perdez », resume-t-elle.

Attablee dans un cafe parisien, la journaliste independante de 32 annees publie L’Amour sous algorithme (Editions Goutte d’Or, 2018). Un livre qui oscille entre le temoignage intime de la jeune celibataire qui multiplie les rendez-vous via Tinder et l’enquete de la journaliste qui cherche a en savoir plus sur le mysterieux fonctionnement de l’application. Le tout parseme d’analyses sociologiques ou techniques i  propos des applications de rencontres. Selon une porte-parole de Match Group (la maison mere de Tinder), une telle enquete propose « une interpretation fallacieuse de ces brevets, du systeme de matching ainsi que l’application du brevet a la plateforme Tinder ». « J’ai commence a m’y interesser quand j’ai decouvert qu’on avait tous un Elo Score. Ca a fait votre echo a un mauvais souvenir du college quand un garcon avait attribue une note a l’ensemble des filles de notre bande. Moi, j’avais eu 5/10. Et, quand j’ai compris que le telephone etait occupe a me noter, J’me suis demande comment ca se passait. »

En 2017, la journaliste avait deja reussi a obtenir ses 800 pages de precisions personnelles conservees par Tinder Afin de etudier le profil, en vertu d’une loi europeenne sur la protection des informations. Heures et lieux de connexion, concept des conversations, compte Facebook, limites d’age appliquees aux recherches, lieu de travail, niveau d’education, photos Instagram, bien y etait. En revanche, impossible de connaitre le Elo Score.

« parfaitement un client ; au pire un produit »

Depuis le lancement en 2012, Tinder s’est forge une solide reputation. En six ans, l’application fondee par Sean Rad et propriete de la societe Match Group (qui detient aussi Meetic, Okcupid ou encore Match.com) a acquis plus de 60 millions d’utilisateurs au monde.

Au-dela de le succes economique, la societe semble s’i?tre forcement vantee de defendre l’egalite entre nos sexes. Mais au cours de le enquete, Judith Duportail s’est rendu compte que les technologies utilisees Afin de favoriser les « matchs » (validation mutuelle entre 2 profils permettant d’engager une discussion) etaient « en totale contradiction au milieu des valeurs qu’ils pronent au quotidien ». Elle a mis la main sur un brevet de 27 pages depose par deux des cofondateurs de Tinder, intitule « US 2018/0150205A1 », et en libre acces sur Google Patent. On va pouvoir notamment y lire, exemple a l’appui, que « le serveur va etre configure pour ponderer differemment les differences et les similarites demographiques, suivant le sexe de l’utilisateur ». Selon Judith Duportail, « votre brevet dessine un algorithme qui se laisse la possibilite de favoriser la mise en relation d’hommes plus ages avec des femmes jeunes, moins riches et moins diplomees ».

Le raisonnement de la societe n’est nullement innocent. Dans le livre Dataclysm (ed. en anglais chez Harper Collins Libri), Christian Rudder explique, informations a l’appui, que, contrairement aux femmes, les hommes s’interessent exclusivement a toutes les jeunes filles entre 21 et 24 annees. « Des qu’elle est en age legal de boire de l’alcool, une fille est deja trop vieille », ironise l’auteur. L’appli Tinder se focaliserait-elle sur l’experience de l’ensemble de ses utilisateurs masculins ? Ce seront eux les plus nombreux dans l’application. Aux Etats-Unis, pres de deux utilisateurs sur trois seraient des hommes. « C’est cet immense pool d’hommes frustres qui payent pour acceder a ces jeunes filles avec lesquelles ils n’arrivent nullement a discuter en lieux publics. » Et ca roule, l’application reste devenue la plus rentable de l’Apple Store devant Netflix ou Candy Crush. Cela fait dire a Judith Duportail qu’« on est convenablement 1 client ; au pire 1 service ».